le 04/06/2019
-Les marchés fonciers ruraux ont fait preuve en 2018 d’un vrai dynamisme avec un rythme de transactions qui s’accélère. Le point sur une tendance durable.
Forêts et bois, terres et prés, vignes, ces investissements ont la côte aussi bien du côté des particuliers que des fonds d’investissements. Ces dernières années, le monde agricole s’est inquiété à plusieurs reprises des acquisitions de plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles françaises réalisées par d’importants investisseurs chinois. Certes ces transactions ne représentent qu’un épiphénomène, les acteurs européens restent majoritaires sur le marché du rural foncier. Mais ces opérations spectaculaires ont eu le mérite de mettre en lumière l’attrait renouvelé du monde de la finance pour les achats fonciers. Une tendance forte qui fait craindre à certains l’accaparement et la financiarisation des terres.
Les forêts jouent leurs atouts
Dans un contexte de forte hausse du prix du bois, les ventes de forêts ont battu un nouveau record en 2018. Avec, 130.100 hectares forêts vendus, selon les chiffres l’indicateur 2019 de la Société Forestière et de la Safer, l’organisme chargé de la gestion forestière en France, le marché des forêts a connu un nombre de transactions inédits, dopé par les échanges de petites parcelles. Ces transactions ont représenté un total de 1,6 milliard d’euros.
Le prix moyen des forêts non bâties est fixé désormais à 4, 250 euros par hectare, une hausse de 3, 5 % par rapport à l’année 2017. Les particuliers sont très présents sur le marché très dynamique des petites forêts, ces parcelles comprises entre 1 et 10 hectares. Ces investissements plaisir représentent désormais 9 transactions sur 10. En revanche, le marché des grandes forêts – biens de plus de 100 hectares – reste dominé par les personnes morales privées. Les groupements forestiers y sont très actifs, réalisant les deux tiers des acquisitions.
Le dynamisme des terres et prés
Avec 90 810 transactions au compteur, le marché des terres et des prés a fait preuve d’une belle dynamique en 2018. L’accélération des départs en retraite des exploitants et la faiblesse des taux d’intérêts ont soutenu la progression des ventes tout au long de l’année. L’appétit inédit des non agriculteurs pour ce marché où ils sont de plus en plus présents, d’après les statistiques de la Safer, contribue à cette dynamique.
Considérés comme des placements alternatifs, ces biens fonciers séduisent de plus en plus les investisseurs. Les personnes morales sont très présentes sur ce marché où elles réalisent des acquisitions de grande ampleur. Si elles n’ont réalisé que 13,1 % des transactions, celles-ci totalisaient 19,1 % des surfaces échangées et 31,6 % de la valeur totale des échanges.
Prix en hausse pour les vignes
Pour les vignes, on a assisté en 2018, avec 8750 transactions, à une baisse en volume des ventes (-7,5%) par rapport à l’année 2017. Au total ces transactions ont représenté 844 millions d’euros, un chiffre en baisse de -31,1 % par rapport à 2017. Ces chiffres sont cependant à relativiser. L’année 2017 a enregistré une dizaine de transactions exceptionnelles dépassant les 10 millions d’euros, alors que 2018 n’a totalisé que deux transactions de cet ordre de grandeur. Sur ce marché, les prix sont en hausse. Le prix moyen est désormais de 147 300 euros par hectare pour les vignes AOP, soit une hausse de 2,5 %, une augmentation soutenue par les appellations renommées, notamment en Bordeaux-Aquitaine (+6,8 %). Les vignes à eaux de vie enregistrent une progression de 3,8%. Le prix moyen de 48 700 euros par hectare est dopé par la progression record des exportations de cognac.
Pour les vignobles hors AOP, ce sont les très bons résultats des vins du Var qui dopent la progression des prix : + 2,3 % pour un prix moyen désormais fixé à 14 200 euros par hectare. Les personnes morales privées sont particulièrement actives sur ce marché où elles ont acquis 42,6 % du volume des surfaces cédées en 2018.
Les marchés émergents ont des atouts à faire valoir pour un investisseur en quête de niveau de rendement attractifs. Mais toutes les zones géographiques ne se valent pas et l’investisseur devra accepter un certain niveau de risque.
Décryptage
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