le 05/04/2022
-La préservation de la biodiversité constitue un nouvel enjeu pour les acteurs de la finance. Nombre d’entre eux se mobilisent pour une gestion d’actifs véritablement durable.
Disparition des abeilles, menace sur de nombreuses espèces de poissons d’eau douce, atteintes aux mangroves ou encore aux récifs coralliens : c’est à Kumning, en Chine, du 25 avril au 8 mai 2022, que va se jouer en partie le sort le notre planète en matière de biodiversité.
La très attendue COP15
Le sommet COP15 « Biodiversité » a été plusieurs fois différé pour cause de pandémie. Prévu dans le cadre de la Convention pour la diversité biologique (CDB) mise en place lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, et ratifié par la France en 1994, ce sommet international est très attendu. Il doit adopter des objectifs globaux ambitieux en matière de biodiversité, pour avancer sur la voie de la régénération. Comme cela a été le cas pour le climat avec l’accord de Paris, la COP15 devrait permettre de fortement réorienter les flux financiers vers la neutralité climatique.
Un enjeu fort aussi fort que le climat
La mobilisation pour la biodiversité est en effet essentielle. Les activités humaines ont causé la destruction de pas moins de 892 espèces sur les cinq derniers siècles d’après les chiffres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Et le seuil d’alerte à partir duquel la destruction de la biodiversité impacte nos conditions de vie sur Terre est considéré comme dépassé depuis 2009 par le Stockholm Resilience Center, qui a défini neufs limites planétaires. Le franchissement de ces neufs seuils mènerait à un changement irréversible de notre écosystème.
Orienter les flux financiers vers la biodiversité
Avec la modification de l’obligation de reporting extra-financier imposée par l’article 173 de la loi de Transition énergétique pour la croissance verte aux investisseurs institutionnels, les enjeux de la préservation de la biodiversité s’imposent au secteur de la finance. Ce texte a contribué à sensibiliser le secteur la prise en compte des risques climatiques dans leur stratégie d’investissement et leur gestion des risques. L’article 29 de la loi Climat de 2019 a étendu pour 2022 cette obligation de reporting extra-financier à la préservation de la biodiversité.
Une large marge de progression
À l’échelle mondiale, d’après les chiffres de l’OCDE publiés en 2020, les flux financiers en faveur de la biodiversité sont évalués entre 78 et 91 milliards de dollars dont 6,6 à 13,6 milliards dollars de fonds privés. L’écart entre les besoins réels de la préservation de la biodiversité et son financement est très important. On estime qu’il faudrait 440 milliards d’euros de financement par an pour développer des activités bénéfiques à la biodiversité. Le secteur de la finance a donc un rôle stratégique à jouer pour flécher les capitaux en direction de la préservation de la biodiversité.
Quelles sont les bonnes pratiques du secteur financier ?
Quelles sont les bonnes pratiques du secteur en matière de gestion d’actifs ? Premier réflexe : calculer et publier l’empreinte biodiversité des portefeuilles gérées afin de mesurer leur impact en matière de biodiversité et déterminer leur exposition à l’érosion de la biodiversité.
Le challenge pour les acteurs de la finance consiste à créer des indicateurs dédiés et harmonisés pour mesurer les risques en matière de biodiversité (déforestation, pollution de l’eau, espèces menacées…). Les gestionnaires d’actifs travaillent également à construire des fonds thématiques dédiés qui investissent dans des entreprises contribuant à la restauration des écosystèmes naturels.
Les marchés émergents ont des atouts à faire valoir pour un investisseur en quête de niveau de rendement attractifs. Mais toutes les zones géographiques ne se valent pas et l’investisseur devra accepter un certain niveau de risque.
Décryptage
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