Avec la crise sanitaire et les efforts des grandes villes pour réguler les locations saisonnières, le marché locatif subit de profonds bouleversements au profit de la location meublée, qui se taille la part du lion dans plusieurs métropoles.
La location meublée a le vent en poupe. En témoigne la hausse des annonces d’offres de locations meublées constatées dès l’automne dernier par la plateforme Seloger.fr.
Le site enregistre un recul des locations vides mais surtout une explosion des meublés dans les plus grandes villes : + 67% à Paris, + 84% à Nice et + 91% à Bordeaux, sur les mois de juin, juillet et août par rapport à la même période en 2019. Si la hausse est plus contenue à Lyon, Marseille et Toulouse (respectivement + 17%, + 20% et + 25%), le phénomène s’avère bien réel.
Un phénomène durable
Décrite dès septembre 2020, cette évolution transforme le paysage de la location meublée. En février 2021, avec 64% de biens donnés en location meublés à Bordeaux, ce type de location est désormais majoritaire sur le marché locatif. Du jamais vu ! Il y a un an le taux de location meublée n’y était que de 37,6%.
Le phénomène est loin d’être isolé : à Paris désormais le taux de locations meublées atteint 52,2% et en Seine-Saint-Denis, 38,7%. Cette tendance impacte les prix de la location meublée. À Paris et à Boulogne-Billancourt, les loyers moyens des locations vides sont désormais plus élevés que celui des locations meublées.
Éviter le risque de vacance locative
Premier facteur d’explication : les propriétaires tendent à délaisser le marché de la location saisonnière de courte durée en raison de la pandémie de la covid-19. En effet, la vacance locative des locations meublées saisonnières a conduit les propriétaires à revoir leurs plans, un phénomène particulièrement sensible en Île-de-France et dans les grandes villes.
D’après une étude de PAP, 70% des propriétaires de locations saisonnières qui ont renoncé à louer leurs biens par des plateformes dédiées du type Airbnb se sont tournés vers le marché de la location meublée. Si la location meublée classique est moins porteuse d’un point de vue financier, elle s’avère nettement plus sécurisante pour les investisseurs.
Les effets de la réglementation
La crise sanitaire n’est pas la seule responsable de la désaffection des investisseurs pour les biens en location touristique. Nombre de villes françaises, la capitale en tête, ont durci la réglementation applicable aux meublés de tourisme afin de réguler ce marché alors en pleine expansion.
À Paris, les règles de la compensation exigent ainsi que les investisseurs soient propriétaires d’un local commercial d’une surface équivalente à leur bien et qu’ils s’engagent à transformer en local d’habitation ou qu’à défaut, ils présentent un titre de compensation. Dans certains arrondissements ces règles sont renforcées, et chaque mètre carré d’habitation doit être doublement compensé. Nombreux sont les propriétaires à ne pas être en conformité avec ces règles restrictives. 420 procédures sont en cours contre des loueurs ne respectant pas la règlementation de la Ville, avec une amende moyenne de 20.000 euros, pouvant aller jusqu’à 50.000 euros. Incapables de satisfaire à ces exigences drastiques, les propriétaires cèdent leur bien où se tournent majoritairement vers le marché du meublé.