Réduction des crédits, ralentissement du traitement des dossiers, hausse des taux : les banques semblent anticiper un possible durcissement du financement immobilier aux particuliers.
La crise sanitaire incite les Français à reporter leurs transactions immobilières à plus tard. Même s’il reste possible de préparer un projet immobilier, l’ensemble du marché tourne au ralenti. La réglementation s’adapte pour faciliter l’activité du secteur.
Allonger les délais
Un décret destiné à faciliter l’activité notariale vient d’être publié. Il permet aux notaires d’établir un acte notarié sur support électronique, lorsque toutes les parties ou toute autre partie présente à l’acte, ne sont ni présentes ni représentées. Il devrait donner plus de latitude au secteur, même s’il subsiste des freins, notamment en matière de diagnostics immobiliers, par exemple. Dans ce contexte, l’une des ordonnances du 25 mars 2020 a prorogé les délais applicables aux conditions suspensives et de nombreuses banques ont allongé le délai de validité de leurs offres de prêt de 30 à 90 jours.
Privilégier les dossiers en cours
La crise sanitaire et les mesures de confinement qui l’accompagnent entravent l’activité des établissements bancaires. L’absence et le télétravail désorganisent les équipes. Nombre d’agence sont donc fermées et le traitement des dossiers s’en ressent. Dans ces conditions, les banques privilégient les dossiers déjà en cours et nombre d’entre elles n’acceptent plus de traiter de nouveaux dossiers de demande de crédit. Lorsqu’ils l’acceptent, les établissements bancaires tendent à augmenter les taux proposés.
Des hausses de taux
Selon une étude réalisée par Vousfinancer, réseau de courtiers en crédits immobiliers, en avril, la quasi-totalité des barèmes reçus accusent une hausse significative de taux de crédits. Une quinzaine de banques ont remonté leurs taux. L’une d’entre elles a remonté ses taux de 0,70 % sur les moins bons profils. La plupart des hausses constatées se situent aux alentours de 0,15 à 0,25 %. Ces remontées de taux concernent essentiellement des banques régionales, mais n’épargne pas les banques nationales. Sur 20 ans une grande banque propose désormais des taux de 1,35 % à 2,35 % en fonction des revenus, contre de 0,85 à 1,65 % en mars constate Vousfinancer.
Et demain ?
Si elle perdure, la réduction de la concurrence entre les établissements bancaires devrait les inciter à poursuivre sur cette tendance à la hausse des taux au mois d’avril. Cette politique permet aux banques de reconstituer leur marge.
La tendance va-t-elle perdurer ? Difficile de répondre à cette question. En soutien de l’économie, la BCE approvisionne le marché en liquidités qui devraient en théorie permettre aux banques de continuer à prêter à des taux très avantageux. Mais les banques avancent dans un contexte économique plus risqué et anticipent une possible récession. Précisons que si à l’automne 2019, les taux ont battu de nouveaux records à la baisse, au début de l’année les observateurs avaient signalé une très légère remontée des taux de crédit immobilier.
Une contraction en volume
Les volumes de prêt s’étaient également quelque peu contractés. L’application des directives du Haut conseil de stabilité financière destinées à garantir l’application du taux d’effort plafonné à 33 % des revenus et à limiter la durée des prêts contractés à un maximum de 25 ans, a eu pour conséquence d’augmenter les refus de crédit, excluant plusieurs catégories d’emprunteurs, notamment les primo emprunteurs à revenus modestes et les investisseurs qui avaient pris l’habitude d’emprunter sans apport. Les mois de confinement devraient encore accentuer ce phénomène de réduction de la production du crédit immobilier pour 2020.