La réduction des aides au logement qui ont beaucoup contribué à l’embellie du secteur de la construction neuve constitue une menace pour ce secteur qui amorce un début de retournement.
Après trois très bonnes années, le marché de l’immobilier neuf paraît sur le point de se retourner.
Un contexte haussier
Après une hausse des ventes de 16% pour les promoteurs dans le neuf en 2015, le volume de vente avait progressé de 21% en 2016. Pour les maisons neuves, avec + 13,7% en 2015 et + 19,5%, le marché était également particulièrement dynamique. Avec 139.000 maisons individuelles vendues et 419.000 logements construits (chiffres seloger.com) en 2017, la tendance ne s’est pas démentie. Et le marché a progressé de + 5,9% d’après meilleurstaux.com, même si une certaine raréfaction des biens faisait craindre une hausse des prix et un ralentissement du marché.
Et si les taux d’intérêt toujours très faible permettaient de soutenir la demande, les changements législatifs anticipés pour le début de l’année 2018 laissait redouter une contraction du marché.
Début du retournement
Dans l’immobilier neuf, dès le début de l’année 2018, on a constaté un ralentissement du marché. Pour la Fédération française du Bâtiment, le retournement des ventes de logements neufs se confirme depuis. En glissement annuel, le recul s’établit à 5,1% au premier trimestre 2018 du côté des promoteurs et à 14,3% sur cinq mois à fin mai 2018 pour les constructeurs de maisons individuelles.
Seul le non résidentiel neuf tire son épingle du jeu à l’exception des commerces qui voient leurs surfaces de permis chuter lourdement de 11,1% sur la même période.
Le rôle clé des dispositifs de soutien au logement
Pour la Fédération française du Bâtiment, ces difficultés sont liées au recentrage et à la réduction des aides en 2018. D’après une enquête menée auprès de leurs adhérents qui met en évidence une baisse d’environ 11% de ces ventes entre le premier semestre 2017 et le premier semestre 2018, individuel et collectif confondus, ces chiffres sont corrélés avec la réduction des aides.
La suppression de l’APL accession expliquerait 40% de la baisse tandis que le solde serait à attribuer à la dégradation de l’environnement économique et psychologique. En zones B2 et C, à la disparition de l’APL accession s’ajoute le rabotage du PTZ qui joue un rôle prépondérant, avec 45 % du repli des ventes. Pour l’investissement locatif, en zones B2 et C, la répartition des chocs s’avère de même ordre. D’après cette enquête la suppression de l’éligibilité au dispositif « Pinel » y expliquerait 84 % du recul des ventes.